đ© Le personal branding, c'est de la m*rde... - La GS #214
Y'a rien qui va Elena, prise de décision, Geofenced Ads, GTM engineer, concours SEO, politique marketing, heat map de cohortes et stratégie de podcast
Cette semaine, jâai lu un article dâune crĂ©atrice de contenu trĂšs suivie, habituellement trĂšs pertinente, mais qui, cette fois, racontait nâimporte quoi đź.
Il sâagit dâElena Verna, une figure incontournable de lâĂ©cosystĂšme Growth.
Elle a dĂ©cidĂ© de sortir de son domaine de prĂ©dilection (Growth) pour partager son ressenti sur lâutilitĂ© du personal branding.
VoilĂ le titre de son post :
âYou don't need to build a personal brandâ
Je vous propose de voir ensemble les diffĂ©rents arguments de ce post parce que câest passionnant.
1ïžâŁ Le personal branding est un indicateur retardĂ©
Sâappuyant sur une citation de la figure dâautoritĂ© Andrew Chen (procĂ©dĂ© rhĂ©torique), elle affirme, en gros, que le succĂšs vient dâabord, et que le personal branding suit.
Sauf que le branding, câest la perception de votre marque. On ne peut pas empĂȘcher les gens dâavoir une perception. Câest le deuxiĂšme canal de communication. Donc, si vous nâavez pas travaillĂ© votre branding mais que vous avez du succĂšs, tant mieux ! Cela aura Ă©tĂ© grĂące Ă un branding âinvolontaireâ ou malgrĂ© un branding qui aurait peut-ĂȘtre ralenti votre succĂšs.
LâidĂ©e mĂȘme dââindicateur retardĂ©â, avec lâaffirmation que le succĂšs prĂ©cĂšde toujours le personal branding, confond corrĂ©lation (le succĂšs et la marque personnelle coexistent) et causalitĂ© (la marque personnelle peut contribuer Ă un succĂšs accru).
En rĂ©alitĂ©, une stratĂ©gie de personal branding, mĂȘme prĂ©coce, peut catalyser des opportunitĂ©s, attirer des collaborations et offrir une visibilitĂ© accrue pour accĂ©lĂ©rer une carriĂšre ou un projet.
2ïžâŁ Le personal branding est une pyramide de Ponzi
Alors oui, bien sĂ»r, des influenceurs LinkedIn vendent des formations Ă dâautres pour devenir eux-mĂȘmes influenceurs LinkedIn.
Les mauvais exemples citĂ©s crĂ©ent un effet de halo nĂ©gatif, qui lui permet de juger lâensemble de la pratique comme problĂ©matique, alors que son efficacitĂ© dĂ©pend Ă©videmment du contexte et de la maniĂšre dont elle est mise en Ćuvre.
3ïžâŁ Le parcours dâElena
Elle explique que sa propre marque personnelle sâest dĂ©veloppĂ©e « par accident », grĂące Ă son travail et au partage de connaissances. Elle assume que ce qui a fonctionnĂ© pour elle est la meilleure voie Ă suivre pour tout le monde. Or, tout le monde nâa pas les mĂȘmes circonstances, opportunitĂ©s ou rĂ©seaux pour que leur travail parle « naturellement » Ă leur place. Et ça sâappelle le biais de normalitĂ© personnelle.
4ïžâŁ Le faux dilemme
Elle pose une dichotomie implicite : soit vous vous concentrez sur faire un travail exceptionnel, soit vous perdez votre temps à construire une marque personnelle. Cela crée un faux dilemme, car les deux ne sont pas mutuellement exclusifs.
Vous lâavez donc compris, les arguments avancĂ©s sont pleins de biais, dĂ©montrent une profonde mĂ©connaissance du sujet et de lâarticulation entre Growth et Branding.
Câest malheureusement un point de vue trĂšs rĂ©pandu dans lâĂ©cosystĂšme Growth đ„.
Ce qui est amusant, câest que cette dĂ©monstration volontairement clivante est en rĂ©alitĂ© un mouvâ pour positionner son⊠personal branding.
Cela doit sĂ»rement faire partie de sa liste âdâidĂ©es clivantesâ pour sa stratĂ©gie de contenu.
Une maniĂšre dâappuyer sur lâargument du pragmatisme ROIste, de dĂ©signer les influenceurs LinkedIn comme des ennemis (une cible facile car ils Ă©nervent tout le monde), et de mettre en avant la valeur travail et expertise, qui finit donc par ĂȘtre associĂ©e Ă sa personne, sa personal brand.
Dâautant plus amusant que son personal branding est justement la raison de son succĂšs, entre autres, son compte LinkedIn a explosĂ© ces derniers mois parce quâelle sâest mise Ă publier des âmemesâ moqueurs sur le monde du marketing.
Donc soit elle fait ce qui lui passe par la tĂȘte et nâarrive pas Ă analyser pourquoi elle a du succĂšs, soit elle fait semblant de ne pas comprendre pour avoir une posture âbrandĂ©eâ.
Une trĂšs bonne illustration du fait que mĂȘme si vous avez un Ă©norme respect pour un crĂ©ateur de contenu, il ne faut jamais prendre son avis pour argent comptant.
Ne croyez jamais ce quâun marketeur vous raconte đ
Cliquez ci-dessous pour accĂ©der Ă son article đŹđ§đ
đŁ Comment construire une marque qui sort du lot ?
Câest la question Ă laquelle jâai essayĂ© de rĂ©pondre pendant des annĂ©es.
Jâai testĂ© toutes les mĂ©thodes de branding existantes, lu tous les livres sur le sujet et expĂ©rimentĂ© sans relĂąche...
Pour formaliser tout cela, jâai créé une Masterclass Branding dans laquelle je retrace ce parcours initiatique. Jây explique ce quâil y a de bĂ©nĂ©fique dans chaque mĂ©thode, comment Ă©viter les piĂšges que jâai rencontrĂ©s, et ce qui est rĂ©ellement important pour bĂątir une stratĂ©gie de marque (vraiment) efficace et diffĂ©renciante.
đ± La "Product guys" rubriqueÂ
Câest le retour de la rubrique product avec, cette fois, Louisa Berthomier en guest, Lead Data PM & ex-CPO MYM.
Jâai dĂ©couvert Louisa dans La GS 208 avec son travail sur le KPIs Tree, et dans la prĂ©sente Ă©dition, elle nous parle dâune autre façon de voir la prise de dĂ©cision. Un thĂšme qui nâest pas propre Ă la discipline Product, donc Ă lire sans modĂ©ration.
Face Ă un choix, comment prendre la meilleure dĂ©cision ? Câest le sujet traitĂ© dans le livre Thinking in Bets, Ă©crit par une joueuse de poker cĂ©lĂšbre : Annie Duke (gagnante du World Series Of Poker en 2004).
Voici les idées-clés, qui vous seront utiles autant dans votre travail que dans votre vie perso.
đ #1 Une bonne dĂ©cision peut engendrer un mauvais rĂ©sultat
Prenons l'exemple d'un conducteur automobile :
Conduire sous l'emprise de l'alcool est indubitablement une mauvaise décision. Mais cela veut-il dire qu'un accident aura forcément lieu ? Non.
Ă l'inverse, on peut prendre le volant dans les meilleures conditions du monde (sobre, reposĂ© et de bonne humeur), mais un accident peut quand mĂȘme arriver đ
đĄ â Une mauvaise dĂ©cision peut aboutir Ă â un bon rĂ©sultat. â Une bonne dĂ©cision peut aboutir Ă â un mauvais rĂ©sultat
Du coup, comment fait-on pour naviguer dans cette ambiguïté et faire les meilleurs choix ?
#2 đ RĂ©sultat d'une DĂ©cision = đȘ CompĂ©tence + đ Hasard
Le Résultat d'une décision dépendra :
1/ de notre Compétence
2/ de facteurs extérieurs et/ou inconnus qu'on appellera Hasard (on peut aussi parler de Chance)En reprenant l'exemple de la conduite :
CompĂ©tence = ĂȘtre un bon conducteur, ĂȘtre physiquement apte Ă bien conduire (sobriĂ©tĂ©, niveau de fatigue)
Hasard = comportement des autres conducteurs, météo (pluie, verglas), défaillance technique
Le Hasard peut prendre une place immense dans le Résultat. Nous sous-estimons tous l'ampleur et l'impact de ce que nous ne savons pas.
#3 đȘ 50 Nuances de DĂ©cisions
Nos décisions sont rarement 100% bonnes ou 100% mauvaises. On a rarement 100% raison ou 100% tort.
On peut raisonner en termes probabilistes, comme le font les joueurs de poker. Par exemple, une paire d'As (la meilleure main du jeu) n'assure pas la victoire, mais confĂšre environ 80% de chance de gagner.
Ă partir de lĂ , on peut considĂ©rer une DĂ©cision comme une mise (de nos ressources) sur un futur probable.Â
#4 đž Questionner nos certitudes
Pour prendre une décision, nous nous basons sur les informations dont nous disposons
Cependant nous transformons bien souvent les informations que nous recevons en certitudes, sans prendre le temps de les vérifier comme il se doit.
đĄ Comment nous pensons dĂ©velopper nos certitudes : 1/ On reçoit une info 2/ On l'examine minutieusement afin de dĂ©terminer si elle est correcte, et seulement si c'est le cas : 3/ On se crĂ©e une certitude
Comment nous développons des certitudes en vrai : 1/ On reçoit une info 2/ On se crée une certitude 3/ Parfois, plus tard, si on a le temps et la motivation, alors on l'examine pour déterminer son bien-fondé
Pour améliorer nos décisions nous devons donc questionner nos certitudes.
#5 đ SĂ©parer la đȘ CompĂ©tence du đ Hasard
Pour améliorer notre prise de décisions, on comprendra qu'il faut séparer la part du Hasard versus notre Compétence dans le Résultat. Avoir de l'expérience ce n'est pas avoir vécu quelque chose, c'est ce qu'on fait de ce qu'on a vécu.
Mais concrÚtement comment on fait ? Eh bien il n'y a pas de recette miracle, mais un bon début est de prendre conscience de nos biais.
Et voici le top 3 des biais à combattre pour améliorer nos prises de décision :
đ Le biais de la tĂąche d'aveugle (ou biais d'angle mort)
Il est facile d'identifier des biais de jugement chez les autres, mais beaucoup plus dur de les reconnaĂźtre chez nous-mĂȘmes (et plus on est intelligent, plus on est affectĂ© par ce biais)đȘ Le biais d'auto-complaisance
Lorsqu'on s'analyse soi-mĂȘme, on a tendance Ă attribuer un bon RĂ©sultat Ă nos CompĂ©tences, et un mauvais rĂ©sultat au Hasard. Lorsqu'on analyse les autres, on a tendance Ă faire l'inverse. Nos mauvais instincts peuvent nous pousser Ă nous comparer aux autres, et Ă vouloir ĂȘtre meilleur.eâȘ Le biais rĂ©trospectifÂ
C'est la tendance qu'on a Ă surestimer la probabilitĂ© qu'un Ă©vĂ©nement se produise aprĂšs qu'il se soit dĂ©roulĂ© (le cĂ©lĂšbre "Je le savais !")Â
#6 âł Le voyage temporel
En plus de se sensibiliser aux biais, nous pouvons interroger notre "moi du passĂ©" et notre "moi du futur" â c'est le concept du voyage temporel (mais dans ta tĂȘte).
Le "moi du passĂ©" nous permet de rĂ©flĂ©chir aux fois passĂ©es oĂč nous avons Ă©tĂ© dans une situation similaire, et utiliser cette expĂ©rience pour essayer de prĂ©dire le futur qu'engendrera un choix donnĂ©
Le "moi du futur" nous permet de nous projeter concrÚtement dans les conséquences de notre décision. On peut utiliser la technique du "10-10-10" = se demander quel impact aura ma décision dans 10 min ? dans 10 mois ? dans 10 ans ? Et adapter notre décision en fonction de ce que l'on recherche et à quel horizon.
On sait aussi qu'il est parfois difficile d'appliquer dans la durée une décision prise (au hasard : manger 5 fruits et légumes par jour).
Une astuce est de mettre en place une stratégie qui aidera notre moi futur à appliquer nos décisions (par exemple : éviter l'allée gùteaux du supermarché).
đ Conclusion
Au moment de choisir, il n'y a pas de "bonne" ou 'mauvaise" décisions, le futur porte son lot d'incertitudes et à nous (avec un poil d'analyse et de recul) de faire la meilleure mise possible.
Checklist pour améliorer notre prise de décision :
âïž Questionner les informations dont nous disposons.
âïž SĂ©parer notre CompĂ©tence du Hasard, en ayant conscience de nos biais (biais d'angle mort, biais d'auto-complaisance, biais rĂ©trospectif).
âïž Consulter nos moi passĂ© et futur.
âïž Mettre en place une stratĂ©gie pour aider notre moi futur Ă appliquer nos dĂ©cisions.
đ€ Dans la rubrique "PĂȘle-mĂȘle"
Une idĂ©e Ă tester : les geofenced ads sur Meta. Une pub de brand awareness super ciblĂ©e gĂ©ographiquement pour toucher une seule personne (ou quelques-unes). Cela peut ĂȘtre utile pour se faire connaĂźtre par la bonne personne.
âĄïž Voir la vidĂ©o
LâĂ©mergence du profil Go-To-Market Engineer, un profil transverse entre compĂ©tences techniques et expertise stratĂ©gique.
âĄïž Lire l'article
François Treca veut gagner un concours SEO nouvelle gĂ©nĂ©ration. Pour gagner, il faut ĂȘtre visible sur Google, LinkedIn, YouTube, TikTok et ChatGPT. Il nous explique pourquoi il fait ça et comment il compte gagner.
âĄïž Voir la vidĂ©o
Lâacte dâachat est intimement liĂ© Ă notre identitĂ© : on consomme selon son affiliation Ă des groupes et pour se positionner par rapport aux autres.
Vos opinions politiques sont des marqueurs dâaffiliation, et les attributs associĂ©s Ă votre team induisent des comportements dâachat.
Pour un marketeur affĂ»tĂ©, il y a juste Ă Ă©pouser la narrative qui vous fait plaisir pour transformer cet engagement en argent.đđŹđ§
đ§ Avoir des cohortes, et aprĂšs ?
Pour tracker la retention de vos users / clients, il nây a pas de secret : il faut utiliser des cohortes.
Si vous ne maßtrisez pas le sujet, je vous conseille ce cours de Y Combinator qui reprend tout depuis le début.
Les problĂšmes inhĂ©rents Ă lâanalyse des cohortes sont cependant les suivants :
Cela manque de perspectives sur la qualité de l'engagement des utilisateurs qui restent fidÚles.
Cela ne fournit pas d'indicateurs avancés pour anticiper le churn de maniÚre proactive.
Pour éviter ces problÚmes, voilà une méthode plus avancée : les Heat Map Cohort Analysis.
Cela nous vient de Reforge et câest trĂšs intĂ©ressant đ
Cliquez ci-dessous pour y accĂ©der đŹđ§ âŹ
đïž RĂ©ussir avec un podcast aujourdâhui
Jâai abandonnĂ© mon podcast 'âAARRR appliquĂ©â en 2022, pour la raison suivante : on ne peut pas profiter du R de Referral pour faire grossir son podcast audio.
Pour cette raison, ont Ă©mergĂ© les podcasts vidĂ©os quâon met sur YouTube, vous connaissez tous la formule.
On a donc vu fleurir une grosse quantitĂ© de ces podcasts, espĂ©rant que lâalgo de dĂ©couvrabilitĂ© travaille pour eux.
Ă moins de se baser sur une audience dĂ©jĂ existante ou dâinviter des personnages sulfureux, les croissances sont trĂšs laborieuses.
Pour faire connaĂźtre ces podcasts, est donc apparue la technique du repurposing dâextraits en shorts, 3 ou 4 environ par Ă©pisode.
Sur le papier, câest une bonne idĂ©e, car on peut espĂ©rer faire de la dĂ©couvrabilitĂ© avec ces extraits, qui ramĂšneront lâaudience sur lâĂ©pisode complet.
Dans les faits, tout le monde sây est mis, mais toujours pas de super croissance.
Pourquoi ?
Ces shorts sont juste des extraits dâun autre contenu, qui, par hasard, pourront ĂȘtre montĂ©s pour crĂ©er un contenu plus ou moins efficace.
Ce nâest pas du contenu natif, qui a Ă©tĂ© pensĂ© pour les plateformes de vidĂ©os courtes.
Certains rares crĂ©ateurs ont compris la problĂ©matique, comme Steven Bartlett, qui intĂšgre en amont de la production de son podcast la structure des shorts quâil prĂ©voit dĂ©jĂ de diffuser.
Explications avec Kallaway đș
Cliquez sur l'image pour en savoir plus đŹđ§ âŹ
Keep it curieux ! đ€
â Yann
La rhétorique qui déconstruit le post d'Elena point par point est trÚs satisfaisant à lire.
Merci Yann pour les travaux ! đ€